Agencement d'hôtels : « le standard n'est plus la norme »

Actualités - 23 déc. 2016

 

Agencement d’hôtels : « le standard n’est plus la norme »

C’est le constat que dresse Edwin Durrleman, directeur de l’entreprise Amoris, spécialisée dans l’agencement d’hôtels.  La personnalisation gagnerait de plus en plus ce secteur, jusque dans les groupes hôteliers, reléguant standards et productions de série au second plan.

 

Culture Agencement : Quel est l'historique d'Amoris et comment l’entreprise évolue-t-elle depuis son rachat en 2016 ?

Edwin Durrleman : « L’histoire d’Amoris commence en 2002 quand 4 collaborateurs décident de quitter un bureau d’études spécialisé dans l’aménagement de navires et paquebots sur les chantiers de l’Atlantique. Suite à la crise du monde naval, ils créent la société Amoris, qui se spécialise dans l’agencement d’espaces pour les particuliers, l’hôtellerie et le tertiaire. Amoris a rejoint le groupe Malvaux en juin 2016. Aujourd’hui, l’entreprise compte 17 collaborateurs et est spécialisée dans l’agencement moyen et haut de gamme professionnel, principalement dans l’hôtellerie. Cette spécialisation s’est opérée il y a environ 5 ans quand le métier d’agenceur a rencontré des difficultés en France. Il a fallu trouver un autre secteur d’activité pour évoluer et l’hôtellerie apporte la récurrence des marchés et la diversité des projets importants pour une société comme Amoris. Si l’agencement de bureaux ou de boutiques ne représente pas une part importante de notre activité, il offre une diversification et nous permet de ne pas dépendre uniquement de l’hôtellerie. Grâce à notre bureau d’études et nos compétences, nous sommes en mesure de répondre aux demandes de clients pour d’autres types de produits, comme des banques d’accueil ou tous type d’agencements intérieurs, salles de réunions …. Avec l’intégration d’Amoris au sein du groupe Malvaux (Navi-Line, ST Bois, Barbeau), il n’y a pas de changement à noter dans la stratégie ni dans l’offre de la société, nous restons une société d’agencement reconnue dans son métier qui vient compléter l’offre du groupe. Etre adossé au groupe Malvaux nous permet de bénéficier d’atouts non négligeables tels qu’une structure et une sécurité financières mêlées à un savoir-faire de fabrication industrielle. En effet, le groupe Malvaux est l’un des derniers fabricants français de panneaux de contreplaqué à essences fines qu’il commercialise auprès de négociants et d’agenceurs. Cela nous permet de nous développer en allant chercher d’autres marchés et en obtenant de vraies synergies.

 

Culture Agencement : Quel regard portez-vous sur le marché actuel de l’agencement ?
Edwin Durrleman : Il est en pleine évolution : depuis cinq ans les groupes hôteliers s’adaptent aux attentes de plus en plus diverses des clients. Il y a ceux qui veulent un agencement identique dans chaque hôtel visité et ceux qui veulent découvrir une ambiance et vivre une nouvelle expérience lors des déplacements. Les architectes d’intérieur doivent innover et revoir plus souvent les aménagements intérieurs afin de répondre à ces besoins. La durée de vie des agencements s’est raccourcie. Cela correspond aussi à l’évolution des attentes de la part de clients internationaux ou plus jeunes, plus ouverts sur le monde. Les chaînes hôtelières doivent s’adapter : quand certaines préfèrent décliner le même concept partout, d’autres proposent des ambiances différentes, plus « locales », qui diffèrent donc dans chaque hôtel. Les hôteliers se remettent en cause pour proposer des concepts variables. Dans l’hôtellerie haut de gamme il est important que l’agencement et la décoration soient adaptés. Les clients recherchent un accueil personnalisé. Chaque hôtel veut jouir d’une certaine liberté en termes d’agencement et de décoration pour pouvoir adapter espaces communs et chambres à leur clientèle. Pour nous, agenceurs, cela change les choses puisqu’au départ, nous travaillions sur un référencement standardisé pour ces groupes hôteliers. Or, il semble que le standard soit de moins en moins la norme. Il faut le faire évoluer et savoir l’adapter, d’où l’importance pour nous d’avoir un bureau d’études en interne qui nous permette de proposer des solutions de fabrication suffisamment souples et réactives pour répondre à des besoins d’agencement similaires à des pièces uniques, contrairement aux projets pour lesquels  nous produisions en série. Le milieu de l’hôtellerie évolue avec des concepts plus travaillés. Pour preuve, les décorateurs et architectes d’intérieur sont entrés sur ce marché depuis quelques années pour répondre à cette recherche de concept personnalisé, notamment dans les espaces généraux, comme les accueils et les espaces restauration, afin de travailler sur une ambiance, voire créer une signature.

Le marché actuel évolue également par l’arrivée, depuis quelques années, de concurrents étrangers qui n’ont pas les mêmes réglementations et pas les mêmes charges. Et dans ce contexte économique difficile nous devons trouver des solutions et nous remettre en cause pour apporter, à nos clients, des services, des conseils et la qualité attendus.

 

Culture Agencement : D’après vous, en quoi l’expérience en hôtellerie sert-elle l'aménagement domestique ?

Edwin Durrleman : Toute la valeur ajoutée d’un agenceur est d’être un ensemblier qui assemble et transforme plusieurs produits et matériaux pour en faire un ouvrage fini. En ce qui concerne Amoris, nous sommes polyvalents : aussi bien capables d’utiliser des panneaux de bois, que du verre, de la résine de synthèse, des tissus ou du cuir pour répondre à un besoin fonctionnel et esthétique de la part d’un client. En somme, il s’agit de produits et matériaux que nous retrouvons chez  nous, à l’instar des têtes de lit ou un placard que nous livrons à nos clients hôteliers. En travaillant dans l’hôtellerie, nous sommes confrontés à la recherche de nouveaux assemblages de matériaux et de produits grâce aux demandes de plus en plus pointues de nos clients. Comme je l’ai dit précédemment, la personnalisation ne touche plus seulement le particulier : de ce fait, il y a un vrai parallèle entre les nouvelles demandes des groupes hôteliers et les particuliers en recherche de personnalisation. Cela nous pousse à trouver de nouvelles solutions tout en intégrant, en plus, d’autres corps d’état techniques et architecturaux, pour des chantiers requérant plusieurs métiers. En ce sens, la transversalité est aujourd’hui une plus-value dans notre secteur. »

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier

 

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