Des passerelles d’inspiration sur la route

Actualités - 08 nov. 2022

Reconnus pour dans les domaines du mobilier, de la décoration et de l’électroménager, certains designers et architectes ont aussi investi celui de l’automobile depuis un siècle. Le magazine Beaux-Arts a rappelé leurs coups d’audace, et parfois de génie.

Voici quelques extraits de l’instructif article de Pierre Léonforte, publié dans le numéro d’octobre de Beaux-Arts Magazine :

« Depuis plus d’un siècle, le paradoxe de l’industrie automobile aura été de rater quasi systématiquement ses collaborations avec les designers et les architectes. Non pas qu’en coulisses, les premiers manquassent. Au contraire, ils furent légion, mais seulement voués à la voiture, dehors-dedans, le plus souvent anonymes même si géniaux, engagés par des bureaux de style intégrés aux firmes automobiles. Seule exception notable : Raymond Loewy pour les firmes américaines Hupmobile puis Studebaker avec la Champion, lancée en 1939 et plusieurs fois redessinée avec succès. De facto, les premiers artistes à s’intéresser à la voiture furent les futuristes (...) dès 1909.    

(...) le Bauhaus ne place pas la voiture au centre de ses préoccupations. En revanche, le fondateur de l’école, l’architecte Walter Gropius, œuvrera dans les années 1930 pour la firme Adler, important constructeur de l’Entre-deux-guerres, dessinant plusieurs modèles produits et vendus avec succès, dont la Standard 8, best-seller de l’époque.

(...)  Avec la Voiture minimum, Le Corbusier ne roulera pas plus loin que la planche à dessin. Son projet, inscrit dans le cadre d’un concours de design autopiloté par la Société des ingénieurs de l’automobile, collait au cahier des charges : une auto produite en série et pas chère. ( …) Le Corbusier avait imaginé un véhicule compact, monocorps et monocoque qui n’eut pas l’heur de plaire au jury.

(…) Aux États-Unis, tandis que Loewy cassait la baraque avec ses trains, ses frigos et ses autos, son rival, Norman Bel Geddes faisait sacrément bouger les lignes. Peintre, illustrateur, décorateur et designer industriel, architecte, Bel Geddes toucha à l’auto chez Graham-Paige avant d’inventer les lignes aérodynamiques de ce qui deviendra en 1934 la Chrysler Airflow, manifeste du modernisme automobile et néanmoins colossal désastre commercial.

(…) Pur exercice de design biomorphique, la Citroën DS de Bertoni recevra en 1957 le prix d’honneur de la Triennale de Milan et sera élue par un jury international en 1999 meilleur objet de design mondial du XXe siècle. 

(…) Fondé avant-guerre avant de produire des avions militaires, la société Saab avait tenté ensuite de se diversifier comme avionneur civil, puis constructeur de maisons préfabriquées et enfin d’appareils électroménagers. (...) La première voiture Saab imposa sur-le-champ ses solutions mécaniques et un design unique devenu culte.

(…) En 1972, la Karma-Sutra de Mario Bellini n’ira pas plus loin que le MoMA (Museum of Modern Art) de New York. Projet lancé par Citroën avec Pirelli, développé sur la base d’une DS, ce lupanar roulant en plastique n’était pas motorisé. Son profil annonçait toutefois celui du Renault Espace.

(…) En France, l’utopie pop les sixties sera symbolisée par un autre Cube, cage de verre à 5 places sur base Mini Austin, conçu par le designer Quasar Khank, inventeur du mobilier gonflable. Surnommé “ l’aquarium roulant” ou la “ véranda à roulettes”, l’engin (sera) usiné à 15 exemplaires.

(…) La main du designer ou de l’architecte sur la voiture prendra ensuite valeur de geste rarement suivi d’effet. Quid de la Toto de Philippe Starck pour Alessi (1996), de la Ford 021C de Marc Newson présentée à Tokyo en 1999, de la Soft Car dessinée par Frank Gehry pour General Motors (2004), du bidule à trois roues signé Zaha Hadid (Z Car, 2005), de la Nissan Pivo de l’artiste japonais Takashi Murakami (2005) ? Quid du superbe projet par Norman Foster (et Aston Martin) d’un nouveau bus à impériale londonien ? Trop cher, il finira dans le mur…

(...) Né à Berlin, disparu en 2019, Luigi Colani fut l’inventeur du bio-design. Et compte parmi les designers les plus révérés dans le monde. À son crédit, du mobilier, des vêtements, des  cuisines, des pianos, des PC, des trains, des télés aux lignes épatantes. Et aussi des voitures délirantes (Colani GT, Whippet, et d’autres badgées Abarth, Simca, VW, Daf, Lancia, BMW, Alfa Romeo, Lada). » 

Pierre Léonforte conclut son brillant sujet en évoquant « la 4L Suite n°4 réaménagée par Mathieu Lehanneur hôtel à ciel ouvert et présenter en novembre 2021 à l’occasion du 60ème anniversaire » du fameux modèle populaire lancé en 1961 par Renault. Il fut ensuite en tête des ventes de 1962 à 1965 (succédant à la Renault Dauphine), puis en 1967 et 1968. La 4L est, derrière la Peugeot 206, la deuxième voiture française la plus vendue avec 8 135 424 exemplaires. La 4L Suite n°4 est découvrir en vidéo en cliquant sur le visuel ci-dessous.  

 

 

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