Des vertus de la transversalité, du gaming à l'archi

Actualités - 12 mai 2017

Des vertus de la transversalité, du gaming à l’archi

On connaît bien sûr l’apport des nouvelles technologies et de la maîtrise du virtuel dans les métiers de l’aménagement des espaces physiques. Mais les architectes d’intérieur peuvent aussi aider les level designers à mieux concevoir des niveaux de jeux vidéo. C’est ce qui est enseigné à école Bellecour de Lyon, comme l’explique Thierry Melac, son directeur.  

 

Culture Agencement : Pouvez-vous présenter votre établissement en quelques mots ?

Thierry Melac : « Bellecour est une école spécialisée dans les domaines de la création déclinés dans deux grands pôles que sont le Design Digital et l’Entertainment (animation 3D & jeu vidéo) et dans lesquels se répartissent équitablement 1100 étudiants qui suivent les cours de 150 enseignants, majoritairement composés d’intervenants professionnels. Fondée en 1937 à Lyon, elle était à l’origine une école de mode. Au fil des années, elle a étendu son enseignement à d’autres domaines de la création, tels que l’architecture d’intérieur et le graphisme à la fin des années 1970, le design produit à la fin des années 1980, la 3D au début de nouveau siècle et, depuis cinq ans, le game design et le concept art. Dispensées sur 3 sites autour de la place Bellecour, ses formations vont du bac STD2A jusqu’au Bac+5. Nous avons été en tête de pont à l’apparition des nouveaux métiers et des évolutions sociétales qu’ils engendraient ou qui les accompagnaient.


Culture Agencement : Votre établissement jouit d’une belle réputation dans le domaine du design graphique et des métiers de la création visuelle dans les nouvelles technologies. Mais vous dispensez aussi des formations d’architecture d’intérieur, de design d’espace et de design produit. Quelle importance accordez-vous à ces domaines dans l’image de l’école, son dispositif pédagogique et son impact sur les filières concernées ?

Thierry Melac : Toutes les filières de l’école ont la même importance. Elles se nourrissent mutuellement et participent à l’émulation créative de l’ensemble. Alors qu’aujourd’hui les métiers évoluent rapidement et interagissent beaucoup, où les savoir-faire passent d’un métier à l’autre, la présence de ces différents domaines est une force pour notre école et ses étudiants. Ainsi ne s’enferment-ils pas dans un seul domaine et acquiert au contraire une vue élargie des domaines abordés, au sein desquels ils peuvent mieux situer le leur spécifique et son importance.

On parle beaucoup avec le numérique du métier de designer UX, (domaine qui étudie l’expérience des utilisateurs d’un produit afin d’en améliorer la réponse ou « promesse » pour reprendre la  terminologie marketing où cette discipline est appliquée depuis quelques années, ndlr). Nous avons créé un Mastère Design UX/UI, mais en réalité, il y a déjà deux secteurs parmi nos domaines d’enseignement dans lesquels l’UX est déjà présente depuis longtemps. C’est le cas dans le virtuel à travers le jeu vidéo, où l’expérience du joueur est fondamentale pour la qualité d’un jeu, mais aussi dans le monde réel : les designers d’espace s’en servent depuis longtemps, en particulier dans l’espace commercial. L’expérience du consommateur y est en effet significative pour l’acte d’achat et Ikea ou des concepts stores de magasins l’ont bien compris en dessinant des parcours de visite ou des agencements améliorant le confort des clients et le climat de ventes. Ainsi, ce qui est appelée la circulation par les architectes d’intérieur s’appelle la navigation chez les professionnels du monde virtuel. Les  premiers ont des pratiques anciennes, les seconds mettent en place des méthodologies liées à des supports numériques, mais ils ne peuvent que s’enrichir mutuellement. Nous organisons donc la porosité bénéfique par des contacts réguliers entre ces deux populations d’étudiants par des conférences transversales et projets en commun (workshop UX/AI en mastère par exemple). On connaît bien sûr l’apport des nouvelles technologies, et notamment des logiciels de dessins et conception avec rendu réaliste, dans les métiers de l’aménagement de la maison, en cuisine notamment. Mais à l’inverse, les architectes d’intérieur peuvent également aider les level designers à mieux concevoir des niveaux de jeux vidéo dans lesquels doivent se déplacer les personnages de manière fluide et dans un environnement crédible. 

Culture Agencement : Vous pensez donc la transversalité entre ces diverses disciplines est appelée à se développer à l’avenir, tant dans l’enseignement que dans l’exercice des métiers de designers d’espace et d’architecte d’intérieur.

Thierry Melac : Absolument. Si chaque métier repose sur ses propres fondamentaux, les méthodes sont les mêmes (analyse, démarche créative, développement) en s’appliquant à des champs d’application différents (espace, objets, image / virtuel, réel) et des problématiques techniques différentes. Les projets sont de plus en plus globaux, On raisonne de plus en plus en terme de marque, avec derrière des produits, du service, une image. Tout cela doit être cohérent au travers d’une réflexion globale qui se traduit suivant les cas en espace, en objet, en image, en virtuel, avec l’intervention et la collaboration des métiers différents. C’est pourquoi certains de nos anciens étudiants en design digital ont trouvé des emplois d’agenceurs d’espaces physiques. » 

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