Du déchet au meuble design : l'upcycling

Actualités - 01 déc. 2017

Du déchet au meuble design : l’upcycling 

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »… Et si la maxime de Lavoisier faisait (aussi) sens dans l’habitat, grâce à l’upcycling ou art de la transformation. La meilleure gestion des déchets et le recyclage étant aujourd’hui de vrais enjeux, certaines entreprises en ont fait leur marque de fabrique…sans renier le design !


Le terme « upcycling », apparu dans les années 90, désigne le recyclage par le haut, littéralement (« up » signifiant « haut » dans la langue de Shakespeare). Les adeptes de l’ « upcycling » ou « surcyclage » - en bon français – ne se contentent pas de récupérer des matériaux ou des produits qui ne sont plus utilisés pour les recycler, mais les transforment véritablement en matériaux ou produits de qualité supérieure.

 

Il n’est donc pas étonnant que les secteurs du mobilier, de la décoration et du design s’emparent de cette tendance récente. Si les artisans d’art et designers ont déjà montré leur intérêt pour cette tendance, il semble que celle-ci prenne plus d’ampleur en se déployant à plus grande échelle. La preuve par trois… entreprises qui proposent des meubles, des revêtements de sols et des objets de décoration réalisés de cette manière. L’enjeu : combiner bénéfices écologiques et réalisation d’objets design à part entière.

 

En France, l’entreprise Maximum, spécialisée dans la création de mobilier à partir de déchets industriels, est née d’un constat dressé par ses 3 fondateurs : « 350 millions de tonnes de matériaux finissent chaque année dans les bennes des usines françaises ». Des ateliers installés en banlieue parisienne, à Ivry-sur-Seine, sortent ainsi des meubles conçus à partir de déchets issus de la production en série. Leurs designers composent avec des formes préexistantes. Ainsi en est-il de la table dénommée Clavex : elle est constituée d’un plateau en verre sécurit et d’une armature composée d’échafaudages retraités. La finition époxy est directement puisée dans les pertes générées par ce procédé de peinture. En prime, un mélange de teintes né de la récupération offre un coloris unique au produit fini. Le tabouret Rotoman (en visuel) est, quant à lui, issu d’un objet test utilisé par une usine partenaire (pour vérifier les propriétés techniques d’un matériau). Résultat : le tabouret né de ce recyclage par le haut valorise à la fois la matière en question – le polyéthylène – et le travail préalable de la matière.

Mais Maximum n’est pas la seule entreprise française à s’illustrer dans ce domaine. Récemment, un entrepreneur lillois, en a aussi fait la démonstration. Son entreprise, Etnisi, dont le showroom est situé à Marcq-en-Baroeul, propose des revêtements de sol d’un nouveau genre. Etnisi commercialise des carrelages et dallages d’extérieur créés à partir de « wasterial » - inspiré de l’anglais « waste » signifiant « déchet » - nom de son matériau composé à plus de 75% de matières transformées (plâtre, brique, verre, mâchefer et même marc de café !). Sur son site, l’entreprise nordiste expose ainsi une palette d’effets et de couleurs parfois surprenants (tout comme leurs noms : « guirose », « Mysc-is-goof », « majo ») pour habiller les sols des intérieurs contemporains…

Outre-Manche, l’entreprise Pentatonic transforme aussi l’essai. Née de la « frustration commune » de ses deux co-fondateurs « de voir cette abondance de détritus et l'absence de solutions dynamiques et design », elle a lancé très récemment une gamme de mobilier composée de meubles à la fois 100% recyclés, modernes et modulables. La marque londonienne propose, par exemple, la chaise Airtool composée de 96 bouteilles en plastique et de 28 boîtes en aluminium. Car la particularité de Pentatonic est de jouer la transparence sur la composition de son mobilier design d’un autre genre et d’utiliser 90% de déchets provenant de sources locales. D’autres déchets du quotidien trouvent ainsi une nouvelle vie surprenante, à l’instar du polypropylène (matériau que l’on trouve dans les bouteilles de lait, par exemple) ou des écrans de smartphones. L’entreprise anglaise prévoit même une gamme de meubles fabriqués à partir de mégots de cigarettes pour le début de l’année 2018 !

 

Dans le design, la décoration et l’habitat, faut-il donc s’attendre à rencontrer de plus en plus d’éléments « surcyclés » ? La question mérite d’être posée à une époque où la préoccupation écologique est non seulement de mise, mais offre, en plus, des alternatives aussi complémentaires que créatives

 

Vanessa Barbier

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