Et les décors sont de…

Actualités - 05 oct. 2021

Non de Roger Harth qui fit les belles heures d’Au théâtre ce soir, mais d’Ursus Gruninger, lui aussi ancien décorateur de scènes, et créateur depuis 2011 des originales chambres à thèmes du Manoir de Tarare, bâtisse dont, avec son épouse, il a fait renaître l’histoire aux portes du Beaujolais.

Tous les chemins mènent à Rome, dit l’adage. On pourrait ajouter qu’ils mènent aussi à Tarare, petite ville implantée entre les belles collines au sud du Beaujolais, et qu’ils conduisent également à la restauration intégrale de lieux de Villégiature. Encore que rien n’est jamais totalement dû au hasard, comme en témoigne la destinée d’Ursus Gruninger. Bien avant de redonner belle vie aux planches, ce jeune septuagénaire a commencé sa carrière en les brûlant, interprétant divers rôles du répertoire théâtral sur des scènes variées de France, mais aussi de Suisse, après avoir été formé au conservatoire de Genève. À l’art de la tragédie et de la comédie a succédé celui du tissage et, de fil en aiguille, celui de la décoration des scènes de théâtre. Ursus Gruninger a ensuite mis son savoir-faire à profit pour restaurer un ancien couvent acquis en Ardèche.

Tout en menant parallèlement sa carrière dans le milieu du théâtre, il s’est investi chaque année davantage dans l'aménagement et la décoration de ce lieu de vie transformé en gîte et chambre d’hôtes. La qualité de l’accueil et le charme de ce cadre de vie ont assuré un succès important à l'établissement, dépassant même les prévisions et espérances de son créateur. Aussi, afin de retrouver un rythme de travail privilégiant la qualité à la quantité, a-t-il décidé de revendre le couvent désormais très fréquenté pour acheter en 2011 une ancienne bâtisse à Tarare, bourgade située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Lyon dont le gérant est originaire.

« Mon épouse Sheila et moi avons eu un véritable sentiment de compassion pour ce manoir vétuste qui était voué à être démoli et dans lequel tout était à faire. À chaque fois que nous soulevions une vieille moquette, nous avions la belle surprise de découvrir un sol différent en carrelage ou en parquet dans les différentes pièces » se souvient le gérant. De fait, la demeure de 540 m2 est véritablement de caractère, pour reprendre une expression consacrée, et le visiteur d’un jour, d’une nuit ou davantage est séduit à la fois par la qualité du travail réalisé et par la prégnance des atmosphères variées que chaque pièce dégage. Au-delà des espaces communs que sont la salle à manger et les couloirs, ce sont les cinq chambres originales qui marquent le plus l’esprit. Le nom de chacune est déjà tout un programme, comme le serait celui d’un festival de représentation théâtrale, rappelant l’influence assumée de l’expérience du maître des lieux, régisseur d’univers à rêver éveillé, où le ludique le dispute à l’onirique : Mère-Grand et le loup, La tour d'Alice, L'astrologue facétieux, L'orangerie et Le vieux farfadet. De fait, d’une surface variant entre 25 et 30 m2, chaque chambre  développe une thématique propre, au travers d’une décoration et d’un agencement cohérent dans leur globalité, tout en intégrant des détails et des objets renforçant la démarche. À propos de détail, un est d’importance et résume la force de l'investissement de Ursus Gruninger et de son épouse : tous les éléments participant à ces univers sont faits maison, la formule prenant ici son double sens le plus concret.  

Jérôme Alberola  

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