« Générer une fluidité des mouvements et de l’esprit »

Actualités - 18 janv. 2022

Membre de l’UFDI et cofondatrice des Decoworkers, plusieurs fois mis en exergue sur Archi-Cultures, Coralie Vasseur a fondé son Studio d’architecture d’intérieur et de décoration à Annecy (Haute-Savoie). Elle livre ici sa vision pertinente sur son métier dont la vocation « n’est pas seulement faire du beau et en mettre plein la vue. C’est aussi éveiller les autres sens comme le toucher, l’odorat, l’ouïe, qui créent une sensation globale de bien-être lorsque tout a été imaginé dans un ensemble cohérent et judicieux. » Elle souligne aussi la nécessité de laisser « sa place au vide, qui a tout autant de force qu’un silence dans un beau discours. » A lire et méditer.  

Archi-Cultures : Pouvez-vous présenter en quelques mots votre parcours professionnel et le Studio Coralie Vasseur que vous avez fondé à Annecy ?

Coralie Vasseur : « J’ai créé mon entreprise il y a bientôt dix ans, après trois ans de formation en décoration intérieure. J’ai intégré l’UFDI (Union Francophone des Décorateurs et Architectes d’Intérieur) à mes/ses débuts, dans laquelle je me suis investie plusieurs années comme déléguée régionale puis responsable Communication. En parallèle, mon parcours startup avec DecoWorkers m’a énormément appris et j’ai fait beaucoup de rencontres passionnantes dans la filière. Aujourd’hui, j’ai recentré toute mon énergie dans le Studio, que j’ai déménagé à Annecy en 2021, pour être au plus près de ce qui m’anime vraiment : la nature et la montagne. C’est une vraie source d’inspiration pour moi, et je souhaitais trouver des clients qui me ressemblent davantage. Je gravite donc sur la Savoie et la Haute-Savoie, ainsi que sur la région de Genève, pour des clients particuliers et professionnels. Toute mon entreprise est fondée sur mes valeurs : la passion, le rêve, l’audace, et l’écologie. Ma mission est de créer des intérieurs plus durables et responsables, en emmenant mes clients avec moi vers des solutions respectueuses de la planète, sans omettre la qualité et le beau.

Archi-Cultures : Comment l'architecture d'intérieur, l'agencement et la décoration (y compris le mobilier et l'électroménager) peuvent-ils améliorer le bien-être des résidents d'habitations personnelles permanentes (domestiques) ou de lieux éphémères (hôtels notamment) ?   

Coralie Vasseur : Selon moi, il y a plusieurs vecteurs pour contribuer à ce bien-être. D’abord, il y a le bon sens : un intérieur bien pensé, aménagé spécifiquement pour ses occupants (ou sa clientèle cible, dans le cas d’un hôtel) et qui facilite la vie, contribue à une fluidité des mouvements et de l’esprit. Ensuite, il y a les sens : notre métier, ce n’est pas seulement faire du beau et en mettre plein la vue. C’est aussi éveiller les autres sens comme le toucher, l’odorat, l’ouïe, qui créent une sensation globale de bien-être lorsque tout a été imaginé dans un ensemble cohérent et judicieux. Et puis, bien sûr, il y a le bien-être sous son aspect « santé » : faire le choix de se tourner vers des matériaux bio-sourcés, vers une production plus responsable et locale évite dans bien des cas les nombreux produits toxiques qui règnent dans nos intérieurs. Notre démarche écologique va aussi dans ce sens : respecter la santé de nos clients en même temps que celle de la planète.

Archi-Cultures : Quelle est pour vous la pièce de la maison la plus intéressante à aménager et pourquoi ?

Coralie Vasseur : J’aime beaucoup les pièces de vie. Aujourd’hui, elles sont ouvertes la plupart du temps, mêlant la cuisine, la salle à manger et le salon, ce qui en fait un vrai point central d’échanges, d’activités et de plaisirs pour toute la famille. C’est donc intéressant de se pencher sur les évolutions des modes de vie, que ce soit à l’échelle sociétale ou familiale, pour concevoir le plus durablement possible l’espace en considérant ces évolutions futures. L’audace a aussi plus de place que dans une chambre, par exemple, puisque l’aspect multi-activités permet de mêler aussi bien la dynamique que le repos au sein du même espace, tout en conservant un fil conducteur. On peut alors plus facilement varier les angles de vue, ce qui évite une lassitude à court terme et permet donc un changement de décor moins fréquent. De plus, les volumes permettent souvent de laisser sa place au vide, qui a tout autant de force qu’un silence dans un beau discours : il renforce la valeur du décor.

Archi-Cultures : Comment se manifeste la transversalité ou influence réciproque de l’habitat domestique et de l’hôtellerie ? Et, à l’inverse, quelles sont les spécificités de chacun de ces lieux de vie dans votre travail ?

Coralie Vasseur : De plus en plus, les espaces en hôtellerie doivent être flexibles et multi-usages, notamment les lobbies qui reçoivent des événements de tout type, ce qui ajoute des critères importants dans la sélection du mobilier : le poids, la facilité de stockage, la solidité, etc., là ou un résidentiel va d’abord avoir des critères esthétiques, ergonomiques et fonctionnels, car l’usage du lieu est imaginé pour lui seul, et que la plupart du temps, une pièce correspond à une fonction. De même, là où l’hôtellerie ose l’audace pour attirer une clientèle friande de beaux décors, le résidentiel n’ose pas souvent, de peur de se lasser. Mais il sait pourtant reconnaître que des ambiances ou des produits ont pu lui plaire lors de son dernier séjour à l’hôtel, et cela contribue à éduquer son regard, jusqu’à parfois l’influencer dans ses choix pour son home, sweet home.

Archi-Cultures : Vous proposez aussi une sélection de photos d’art en séries limitées pour décorer les murs de vos plus beaux clichés de voyages. Pourquoi cette démarche originale et a-t-elle été inspirée par les confinements de la pandémie, en permettant aux particuliers de réaliser des voyages dans leur intérieur ?

Coralie Vasseur :  Cela fait des années que je pratique la photo, et notamment en voyages. D’abord, mes proches m’ont encouragé à exposer, puis mes consœurs ont commencé à vouloir m’acheter des clichés pour accessoiriser leurs projets clients. J’ai donc pris le temps, grâce aux confinements, de mettre en place ma boutique en ligne pour développer un nouveau modèle et permettre à tous d’en profiter. Aujourd’hui, il y a davantage de clichés de montagnes que de voyages au bout du monde, et cette tendance n’est pas prête de se rééquilibrer. » 

Propos recueillis par J.A

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