Satisfaction de la cuisine au lit

Actualités - 29 janv. 2016

Satisfaction de la cuisine au lit

Comment faire bon ménage avec l’agencement sans raviver la guerre des couples ?  Peut-être en écoutant les conseils logiques d’une jolie brune proférés il y a un demi-siècle et qui rappelle un adage romain de polémologie.

 

Si vis pacem, para bellum, disait les Romains qui en connaissaient un rayon sur les sujets de la polémologie et de la pax romana. Traduit en V.F non sous-titrée, l’adage est devenu Si tu veux la paix, prépare la guerre. On se gardera de l’appliquer aux ménages dont les manèges tournoyants dans les foyers ardents font perdre tout sens de la raison et finalement de l’équilibre, pour achever à l’équitable horizontale ce qui avait débuté à la verticale, avec les admonestations de l’une accusant l’autre de la prendre de haut, et les objurgations de l’autre de ne plus être sans cesse rabaissé.

 

Pas d’ingérence entre monsieur et madame donc, comme le dicte l’une des règles d’or du commerce, celle-là même qui vous oblige à rester muer en serrant mâchoires comme un alligator vexé, lorsque le premier dissuade sa moitié (mais constituant l’intégralité de votre chiffre d’affaires du jour) d’acheter la superbe cuisine équipée qui la fait tant rêver, ou l’ensemble de mobilier sur mesure courant du dressing au salon. On fera pourtant une petite entorse à cette règle de neutralité, puisque le conseil du jour, version moderne de l’adage latin (édicté en anglais de la pax americana, donc) émane de la jolie brune dessinée ci-dessus : Si tu veux prendre ton petit-déjeuner au lit, dors dans la cuisine.

 

Ah, sens pratique de la ménagère ! Car, ce qui pourrait être une boutade de fausse logique (comme celle de Alphonse Allais qui préconisait de bâtir les villes à la campagne parce que l’air y est plus pur), prononcée dans les années 1950 (période estimée au regard des codes iconographiques employés ci-dessus), entre progressivement dans une réalité bien tangible avec la tendance de fond la plus remarquable de l’habitat : l’agencement ! Le terme n’a rien du néologisme comme il en sort beaucoup chaque année du cerveau fertile des sociologues de l’habitat et autres docteurs Knock du marketing. Parti de l’aménagement des magasins de tout secteur d’activité il y a plusieurs décennies, puis se normalisant en s’affinant avec les premières enseignes franchisées, l’agencement est entré en douceur dans les foyers domestiques par les diverses pièces où priment la notion du sur mesure : dressing, cuisine, salle de bains et salon (avec bibliothèque). Reste que la définition de l’agencement reste encore floue, parce qu’elle intègre aussi la notion essentielle de décoration à laquelle participe aussi le mobilier - produits finis, tels les canapés, sièges, enfilades modernes et autres luminaires. Pas étonnant dès lors que, dans les quartiers cossus de France, un nombre croissant de magasins de « mobilier – décoration » proposent aussi de l’aménagement sur mesure.

 

Parallèlement, l’agencement déborde de chacune des pièces de l’habitat qu’il a d’abord investies pour opérer un lien naturel avec sa voisine : de la cuisine au salon (après s’être ouverte à lui, excitant les plus enthousiastes), du dressing à la chambre, de la salle de bains à l’espace de nuit de la suite parentale, et enfin du salon à  l’entrée pour finir (cheminement aussi logique que la sentence de notre jolie brune). Certains amateurs de raccourcis (et je ne parle pas ici de David Vincent) se réjouiront de cette globalité, estimant que le secret du bonheur pour un couple est d’être pleinement satisfait de la cuisine au lit. Voilà qui nous ramène aux Romains qui mangeaient allongés sur leurs litières pendant leurs orgies.

 

On se calme : cet article ne laissera pas entendre que l’agencement est la voie vers le stupre dans les foyers. Rappelons aux amateurs de raccourcis évoqués que tout est affaire d’équilibre et que certaines ménagères reprochent à leur moitié de devoir tout (leur) faire de la table au lit et inversement. Difficile de faire mieux comme torpille sous la ligne de  flottaison (les naïfs se garderont de croire que les récriminations portent sur les tâches ménagères).

 

L’évolution de l’agencement domestique a cependant des effets positifs : dormir dans le canapé ou dans le lit escamotable en cas de crise conjugale, non pas éphémère (parce qu’elle est censée ne durer qu’une journée), mais nocturne, tout en restant près du réfrigérateur, lieu de ravitaillement stratégique dans la guerre des couples, est ainsi devenu possible, donnant raison à l’avant-gardiste jolie conseillère ci-dessus. La prochaine étape sera peut-être de conserver les amants contrariés près l’un de l’autre, même lorsque la ire les aura conduits à faire chambre à part, après avoir rendu le lave-vaisselle provisoirement inutile en brisant quelques assiettes…     

 

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