Un hommage au mobilier design et à l’imagination

Actualités - 02 févr. 2021

C’est ce que rend l’exposition organisée jusqu’au 27 mars par la galerie parisienne Meubles et Lumières, en mettant des pièces rappelant le talent imaginatif de designers entre 1945 et 1973, dans le cadre fécond de La Société des artistes décorateurs. Où l’on (re)découvre des concepts alors inventés et qui prennent une étrange résonnance avant-gardiste, voire prémonitoire.

Fondée en 1901, la SAD (Société des Artistes Décorateurs) va être l’une des aventures les plus marquantes dans l’univers de la création française du XXe siècle. Pour célébrer ses 120 ans, la Galerie Meubles et Lumières expose un ensemble de créations de ses membres des années 1950 aux années 1980 qui témoigne des exigences de conception et de réalisation, qui fonde la philosophie même du salon. Créé en 1904, l’évènement organisé dans l’un des plus hauts lieux parisiens : le Grand Palais, s’évertue à promouvoir le goût à la française au travers d’un exercice d’invention et d’expérimentation sans cesse renouvelé. Très sélectif, défenseur des arts décoratifs et du design, la SAD assume son orientation luxueuse tout en promouvant les savoir-faire artisanaux et les dernières techniques industriels.

En 1959, après le franc succès de l’Exposition universelle de Bruxelles et ses découvertes dans les domaines des arts plastiques, de l’architecture et du design, la SAD se devait de frapper un grand coup afin de conserver l’attention d’un public jamais acquis. Cette 41e édition amorce un abandon progressif du mobilier en série au profit d’un mobilier plus haut de gamme qui se révèle dans le champ de l’expérimental. La priorité́ est ici accordée à l’utilisation de nouveaux matériaux et aux diverses applications qui en découlent. Une nouvelle dynamique créatrice impliquant industriels et designers français s’installe avec la mise en place de concours qui récompensent les projets les plus audacieux. Ainsi le verre de Saint-Gobain, le stratifié de Formica, l’acier inoxydable d’Uginox, le textile synthétique de Rhovyl, la fibre de verre ou encore les plastiques de Bourgogne font leur entrée dans la SAD.

La Galerie Meubles et Lumières témoigne, par cette exposition regroupant des pièces significatives, de ces expériences menées qui illustrent le talent des créateurs. Bernard De Swarte se distingue par son travail d’ingénierie avec le mécanisme de basculement innovant de sa chaise longue en métal et aluminium. Le célèbre designer industriel Roger Tallon redécouvre la fonte de fer avec des éléments en ronde de bosse qui une fois assemblés habille un mur. Ils trouveront place d’ailleurs dans le socle de la flamme des Jeux Olympiques de Grenoble en 1968.

Dans le domaine du verre, Michel Mortier et l’éditeur de luminaires Verre Lumière imaginent une gamme de lampes célébrant le verre opalescent dit « double couche » dans son abat-jour symbolisant une fontaine. Comme les galets lumineux de Joseph-André Motte, les modèles de Michel Mortier reprennent un répertoire de formes issu de la nature pour magnifier les matériaux industriels.

Le lit de René Blanchard ou la gamme de sièges de Jean Dudon confirment les progrès dans le domaine de la fibre de verre. Dans ce champ le duo Jean-Pierre Garrault et Henri Delord l'incorpore dans le dessin de globes lumineux enchâssés dans une structure métallique sol-plafond.

En 1972, lors du 47ème SAD, avec le succès des plans libres, ses membres militent contre l’isolement de l’homme dans des espaces parfois trop grand et hostile. Ainsi réfléchissent-ils à un nouveau type de décor qui se dévoile, vivant, adaptable, mobile : un décor à la mesure de la vie, « l’habitat évolutif ». Un concept qui prend une étrange résonnance avant-gardiste, voire prémonitoire, alors que les confinements, imposés par les gouvernements en lutte contre la pandémie du Covid-19, ont conduit à repenser l’habitat domestique pour le faire muter vers une mixité professionnelle permettant le télétravail. Les créateurs s’engageaient ainsi à revoir notre mode de vie, notamment, le célèbre danois Verner Panton qui imaginait dans cet esprit des « écrans paravents » en mousse et tissu extensible pour modeler l’espace tout comme Bernard Govin et sa série de sièges Octa, module/siège additionnable à l’infini et permettant d’organiser l’espace au gré de ses envies.

Pour réaliser une visite virtuelle de l’exposition, cliquez ici

J.B

Visuels :

En haut à droite : Table et poufs modulables de Lionel Morgaine (1969)

En haut du texte : Ensemble de luminaire de Garrault Delord

En bas du texte : Chaise longue de Lionel Morgaine  

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