Vegetal Atmosphere : le biotope de l'agencement

Actualités - 20 mai 2016

Vegetal Atmosphere : le biotope de l’agencement

Chef de file de la tendance design végétal qui allie architecture, art, technologie et botanique, Alexis Tricoire participe à des projets d’envergure (re)plaçant le végétal vivant au cœur de nos espaces de vie.

 

Culture Agencement : Vous détenez deux agences, deux marques pourrait-on dire, Tricoire Design et Vegetal Atmosphere. En quoi consistent leurs activités respectives ?
Alexis Tricoire : « En fait, j’ai eu deux périodes d’activités. Durant la première, qui a duré 10 ans, j’ai travaillé comme un designer  “classique” :
je réalisais de la décoration pour des boutiques, je proposais des agencements de mobilier, etc. En 2006, il y a eu une rencontre déterminante : Patrick Blanc m’a demandé de réaliser une exposition à travers laquelle je mettais en scène des phénomènes biologiques et des comportements étranges de la part des plantes. Cette exposition a créé un effet boule de neige et les gens ont alors commencé à m’appeler uniquement pour des projets intégrant une dimension végétale. Petit à petit, j’en ai fait une spécialité, d’où la naissance de “Vegetal Atmosphere”. Mais en réalité, je ne m’attache pas à faire une distinction entre deux “marques”. C’est mon nom, Alexis Tricoire, qui fait référence. Aujourd’hui, je suis reconnu dans le design végétal qui est devenu mon activité principale.

 

Culture Agencement : Depuis les premiers murs végétaux de Patrick Blanc, le design végétal, tel qu’on l’a estampillé depuis, s’invite dans de nombreux projets d’aménagement et de décoration notamment au sein de grandes entreprises, de collectivités ou dans des lieux publics. A quoi répond un tel engouement ?   

Alexis Tricoire : Nous sommes dans une époque où les préoccupations liées à l’écologie et à l’environnement sont devenues collectives. Avant, on pensait que le végétal dégageait du gaz carbonique, était nocif, et on ne lui accordait pas vraiment d’importance, se satisfaisant d’une plante en pot posé dans un coin. Aujourd’hui, on commence à lui apporter de la valeur, qu’elle soit affective ou esthétique. On fait ainsi appel à moi pour valoriser la nature, notamment en milieu urbain, afin que les citadins portent un autre regard sur elle. Mon slogan, “design for nature”, répond à cette idée : mettre en avant l’élément végétal pour que les gens l’aiment plus. En recréant du lien affectif, on encourage à préserver la planète, en quelque sorte. Cette tendance est grandissante, d’autant plus avec la récente COP21. On connaît maintenant les avantages du végétal, qui purifie l’air, en retirant les éléments toxiques et qui est aussi un vecteur de bien-être. Quand il est mis en scène de façon très spectaculaire et sophistiquée, il est aussi vecteur de ravissement et procure un sentiment extatique résumé par le fameux “wahou effect”. Dans cet esprit, je travaille actuellement sur un nouveau projet pour la gare d’Angers, qui est la capitale du végétal puisque elle abrite un pôle d’excellence de recherche en botanique. La ville a souhaité inscrire cet ADN dès son point d’entrée, la gare. J’ai proposé une sorte de forêt suspendue avec des arbres en lévitation comme des soucoupes volantes. En arrivant, on est happé par cette présence étonnante du végétal. La nature y est symbolisée de façon sophistiquée et technologique. L’idée n’est pas de ramener les gens à une nature sauvage ou originelle mais d’accompagner le développement de notre société en introduisant les plantes dans un environnement et des espaces de vie actuels.


Culture Agencement : Pensez-vous que le design végétal se démocratisera chez les particuliers dans un futur proche ?  

Alexis Tricoire : Dans une certaine mesure, oui. Il existe déjà des petits produits mettant en scène le végétal de façon étonnante. Par exemple, j’ai créé un objet qui sera bientôt disponible dans une nouvelle version, le lustre Babylone – c’est une bulle transparente avec une lumière à l’intérieur. Ce “jardin suspendu” agit comme une serre. Pour ma part, je me suis vraiment spécialisé dans les projets d’envergure, donc je ne travaille pas pour des particuliers ou alors exceptionnellement. Il faut dire aussi que les budgets sont conséquents. Il faut mettre en place des systèmes d’irrigation automatique et d’éclairage particulier pour être sûrs que les arbres et les plantes vont bien se développer : ces contraintes techniques doivent être pensées en amont et calculées. Cependant, la nature entre maintenant dans les espaces de vente et de travail. Avec mon équipe, nous travaillons sur le projet d’une forêt d’arbres dans les espaces de mode du Bon Marché, à Paris, ce qui va être un événement particulier puisqu’il marquera un nouvel ADN : c’est le signe que la nature entre dans les espaces de vente. Nous travaillons aussi beaucoup sur les bureaux où la dernière tendance est le développement du végétal, notamment dans les espaces de co-working dans lesquels la nature se veut plus inspirante. Le particulier reste, de toute façon, le bénéficiaire final. »

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier

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