Des résidences de vie(s)

Actualités - 21 juil. 2020

 

Des résidences de vie(s)

Quels enseignements les constructeurs et promoteurs immobiliers ont-ils tiré de l’expérience du confinement à domicile pendant deux mois, inédite pour les Français ? Réponses de Thomas Humbert, directeur agence Haute-Savoie Léman de Bouygues Immobilier, qui évoque une nouvelle adaptabilité des espaces et l’avènement de logements héritiers de la Cité radieuse du Corbusier, voire du Phalanstère de Fourrier.   

 

Culture Agencement : Au cours des dernières années, quelle a été l’évolution de la configuration spatiale des maisons et des appartements Bouygues Immobilier ? A-t-elle notamment incité des agencements plus souples et personnalisables en privilégiant le sur mesure ?

Thomas Humbert : « Nous intervenons sur un marché immobilier sous-offreur malgré une forte demande. La maîtrise des prix de vente proposés aux acquéreurs est primordiale pour garantir leur solvabilité, elle induit donc d’optimiser chaque m² de chaque logement. Ainsi on note globalement une réduction sensible des surfaces habitables des logements, la surface moyenne d’un T3 est passée par exemple de 70 m2 à 65 m2. Ces divers paramètres nous ont motivés à entreprendre une double évolution. La première a consisté à optimiser les volumes de nos logements, en priorité dans les pièces de vie que sont la cuisine et le séjour, aux dépens des pièces de service comme les toilettes, la salle de bains ou les cagibis. Les couloirs et dégagements non fonctionnels ont également été réduits. En revanche, nous avons porté l’accent sur la fonctionnalité des logements à travers l’intégration de placards dans l’entrée, dans les chambres, mais aussi sur les terrasses afin de pouvoir ranger le matériel de vie extérieure (parasols, étendoirs à linge, ustensiles divers), comme le souhaitent souvent les syndics d’immeuble. La seconde évolution a renforcé la volonté de Bouygues Immobilier d’adapter son offre à des profils de clients différents et de leur permettre de bénéficier d’une souplesse de choix de matériaux et de prestations afin de personnaliser leur futur logement.  

 

Culture Agencement : Quelles prestations de services proposez-vous à vos clients : conseil d’un architecte d’intérieur ou d’un décorateur, dressing ou cuisine offerts, mise en relation avec un magasin de mobilier, etc. ? 

Thomas Humbert : Nous entretenons un partenariat avec une enseigne nationale de distribution de cuisines vers qui nous orientons les clients qui le souhaitent. En général, il s’agit des investisseurs locatifs et des accédants de gamme abordable et confortable. Les clients tournés vers le Premium font quant à eux généralement appel à un cuisiniste privé. L’équipement fonctionnel des placards et rangement est laissé au libre choix de nos clients. Enfin, à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons déployé un partenariat avec la société Rhinov, spécialisée dans le home staging virtuel. Elle propose à nos clients qui le souhaitent un service d’aménagement et de décoration d’espaces en 3D, permettant de valoriser le potentiel de leur bien immobilier. Si la projection de leur futur logement ainsi équipé leur convient, nos clients se voient ensuite proposer le catalogue des articles de mobilier ayant été utilisés virtuellement. Pour nos maisons et appartements de haut standing, nous pouvons proposer des prestations d’architectes d’intérieur et de décorateurs, soit intégrées à Bouygues Immobilier par le biais de nos responsables de relation client, soit externes. 

 

Culture Agencement : Enfin, l’expérience du confinement à domicile pendant deux mois, inédite pour les Français, a-t-elle modifié la vision de la répartition infrastructurelle des logements conçus par Bouygues Immobilier, dans une démarché d’optimisation des espaces et de leur usage polyvalent (avec le développement du télétravail et l’apparition des cours scolaires à la maison) ?

Thomas Humbert :  Avant le confinement, nous avions déjà commencé de réfléchir activement à l’évolution de nos logements, en raison de l’assouplissement récent de la norme PMR (Personne à mobilité réduite) qui a donné davantage de liberté dans la conception des plans intérieurs. L’affranchissement de certaines contraintes a permis d’optimiser ou de créer des espaces comme les arrière-cuisines (1 : lire en fin d'article) ou les dressings, en dédiant chaque mètre carré au meilleur usage possible. L’expérience du confinement a validé cette démarche en nous motivant à la pousser plus loin. Dans nos prochains plans de vente, nous envisageons ainsi d’intégrer des espaces de bureau pour le télétravail et les cours scolaires à la maison. Notre réflexion actuelle porte sur deux axes. Le premier est lié au logement lui-même, comme je viens de l’aborder. Le second concerne la résidence dans son ensemble, avec l’intégration d’espaces dédiés à diverses activités de vie collective : coworking, activités ludiques ou associatives.

 

 

Culture Agencement : Cette vocation renoue avec les ensembles d’immeubles ou de tours des banlieues dans les années 1960 et 70, dans lesquels des espaces intérieurs, semi-couverts ou extérieurs, étaient réservés à des activités de vie en commun (réunions, jeux, jardinage, etc.). Le Corbusier avait développé ce concept avec la Cité radieuse à Marseille, édifiée entre 1947 et 1952, dans la lignée du familistère de l’industriel Jean-Baptiste André Godin au 19ème siècle, lui-même inspiré du Phalanstère imaginé par le philosophe français Charles Fourier.  

Thomas Humbert : On peut en effet revendiquer cet héritage d’une vision sociologique, d’autant plus que nous faisons participer nos futurs acquéreurs à la définition même des usages de ces espaces collectifs. Nous l’avons fait concrètement dans la région en dédiant des terrasses sur le toit des immeubles à des ateliers de co-conception qui ont servi d’espaces de détente (avec tables de ping-pong, terrain de pétanque, etc.) et de jardin potager, animés par un responsable associatif et gérés par le syndic de copropriété. Ces lieux de vie active en commun font émerger de nouveaux usages des résidences par nos clients, avec des ouvertures à l’échelle des quartiers, renforçant ainsi le plaisir et la fierté d’y vivre et le lien social entre les habitants. » 

 

Propos recueillis par Jérôme Alberola

(1) Le fabricant allemand Schüller propose notamment ce type de d’aménagement, avec le modèle Easy & Clean que nous avions présenté, à découvrir en cliquant ici

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