Et si les intérieurs ouvraient de nouveaux horizons ?

Actualités - 12 mai 2020

 

Et si les intérieurs ouvraient de nouveaux horizons ?

Nul ne sait si le déconfinement entamé hier verra une reprise d’activité rapide dans les magasins de meubles et de cuisines équipées, comme dans les cabinets d’architectes d’intérieur. Mais la période inédite d’assignation à résidence a révélé un goût des Français pour la décoration et l’aménagement de leur habitat. Et ouvert des perspectives pour des solutions belles et intelligentes.  

       

Le déconfinement a officiellement commencé hier lundi 11 mai pour les Français et avec elle est censée - enfin - reprendre l’activité industrielle et commerciale de nombreux secteurs. Les recommandations médicales et les consignes gouvernementales s’étant succédé en de contradictoires révélations et décisions depuis le début de la pandémie, voire avant sa déclaration par l’OMS, nul ne sait si ce déconfinement se muera en déconfiture ou en un miel que nous pourrons tous savourer. Peut-être la reprise sera-t-elle plus vive (c'est-à-dire forte ou rapide) qu'on le craint, du moins dans les secteurs de l'habitat. On peut en effet espérer que les Français voudront changer leur intérieur actuel (décoration, ameublement, agencement), car il symbolisera le confinement imposé avec lequel ils voudront rompre tant symboliquement que concrètement. Comme une remise à niveau, une remise à nouveau pour oublier un pénible passé récent et s'ouvrir un nouvel avenir de liberté. Ne serait-ce pas un beau paradoxe que celui de donner à nos intérieurs immobiles la fonction de libératrice et créatrice d’offrir de nouveaux horizons ?  

 

Déjà, durant les presque six semaines d’assignation à résidence, les Français ont été encouragés par les médias à développer leur créativité afin de remplir activement leurs journées, voire de retrouver les valeurs essentielles de l’existence, ou de donner un sens un leur vie. On passera vite sur le fait que ces deux dernières ambitions affichées laissent entendre en creux qu’elles n’étaient pas assouvies dans ce qu’il est convenu, désormais e(t sans doute hâtivement, d’appeler le monde d’avant (camouflet à la thèse de « fin de l’Histoire » et de suprématie absolue et définitive de l'idéal de la démocratie libérale, définie par le politologue américain Francis Fukuyama. Comme on ne dissertera pas, non plus, sur la considération, suggérée par défaut, que le travail n’est pas une source de d’épanouissement pour les Français : quid alors de ceux affirmant de l’intérêt pour leur métier, voire de ceux, pas seulement artisans, architectes, cuisinistes, etc., qui déclarent l’exercer avec passion. La semaine dernière, 74% des Français affirmaient ainsi être pressés de reprendre le travail…

 

Encouragés donc par les médias, les activités de créativité ont été relayés par les réseaux sociaux. On a alors vu la Toile se remplir de vidéos amateurs de Français s’essayant à la réalisation de plats divers faits maison (gâteaux mais aussi pains générant une pénurie de farine dans les magasins), à la couture, au bricolage ou à d’autres occupations nous rappelant, avec ou sans nostalgie, les cours de travaux manuels pratiques au collège. De manière plus pragmatique mais aussi empirique, certains ont trompé le temps - gageure vaniteuse et vaine face au plus grand des illusionnistes – en rangeant ce qui devait l’être depuis longtemps dans leurs placards, puis en rangeant de nouveau ce qui l’avait déjà été la veille et les jours précédents. Suite de jours sans fin. De manière plus intéressante, une partie des mêmes et d’autres encore se sont découvert un goût pour la décoration et l’aménagement de leur habitat. Les circonstances étaient, il est vrai, favorables au cocooning qui n’était plus une mode marketing, mais un mode de vie imposé pour un temps, temps que les mêmes Français concernés ont préféré occuper plutôt que subir. En témoigne notamment l’article « En déco, ode au rétro », paru dans le magazine Valeurs Actuelles du 16 avril (visuel partiel ci-dessus ©Fritz Hansen). Débutant par une citation de l’écrivain danoise Karen Blixen selon laquelle « on trouve chez soi l’horizon de ses souvenirs », l’article explique en quoi la période que nous venons de traverser est propice à réinventer son intérieur, entendez, bien sûr, son logement, et non sa propre personnalité comme a invité à le faire le président.  On ne pourra s’empêcher toutefois de faire le lien entre les deux car, comme le soulignait dans L’Architecture du bonheur le philosophe Alain de Botton, également cité, « la maison est un témoin bien informé ». En d'autres termes, montre-moi ton mobilier et ta décoration et je te dirai qui tu es.

 

L'article du magazine Valeurs Actuelles, au titre justifié en l'occurrence, explique que « le temps du confinement est bien entendu celui de la restauration et du réaménagement plutôt que celui des flâneries dans les magasins de décoration, les brocantes (...), mais rien n'interdit de préparer son intérieur à l’acquisition, d’ici quelques mois, d’un mobilier ou d’un accessoire qui changera le style et l’ambiance de son habitat ». Si la suite met en avant comme tendance de fond les éditions de pièces vintage, rien ne démontre que le style rétro sera le seul à trouver des adeptes dès la réouverture des magasins et la possibilité enfin retrouvée pour les architectes d’intérieur de dispenser leur conseils en matière d'aménagement et de décoration. C'est d’ailleurs le propre de l’horizon que de dissimuler, à chaque jour nouveau qu'il annonce dans la clarté croissante du matin, ou tout au long de la journée que constitue notre vie, ce qui se trouve au-delà, entretenant un mystère qui nous conduit irrésistiblement à le regarder en rêvant avec l’envie intime de vouloir le dépasser. Puissent les Français le faire dans les nouveaux temps qui commencent, non plus sans sortir de chez eux, mais justement en allant dans les magasins de meubles et de cuisines équipées, comme dans les cabinets d’architectes d’intérieur, pour y trouver les solutions belles et intelligentes permettant de dépasser ces horizons dans leur logement.

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