Quand la chimie du concept store opère...

Actualités - 22 déc. 2017

Quand la chimie du concept store opère...

Ancien chimiste, Julien Sançon crée en 2010  son concept-store, Blou, où une autre « science » s’accomplit : celle des matières, des objets et du mobilier qui fusionnent. 60 marques et 3 boutiques plus tard, univers travaillé et sélection exigeante se combinent toujours pour proposer aux Parisiens une offre produits aussi esthétique que fonctionnelle…

 

Culture Agencement : Comment définir Blou qui distribue à la fois mobilier et luminaires contemporains, objets design et prêt-à-porter ? Comment s’est fait le choix de conjuguer ces univers ?
Julien Sançon : « Pendant mes études en Angleterre, je me suis beaucoup nourri des tendances rencontrées dans les nombreux petits concept-stores mariant à la fois recherche esthétique et univers de produits différents. Une fois rentré en France, cela ne m’a pas quitté. En 2010, j’ai créé Blou, une boutique pensée comme un appartement cosy. A l’époque, il y avait encore peu de concept-stores de ce genre à Paris. Je voulais m’adresser aux Parisiens tout en restant accessible, sans verser dans des tendances trop pointues. Blou propose des sélections recherchées mais resserrées combinant utilité et esthétique et adaptée aux Parisiens qui n’ont généralement pas de grands appartements. Dès le début, Blou proposait décoration, mobilier et textile mais aussi quelques expositions d’artistes. La fusion de tous ces éléments a très vite séduit. Forcément, vendre des meubles en même temps que des chaussons, cela interpelle ! Je résumerais mon concept ainsi : “c’est  un grand magasin dans un petit”.

 

Culture Agencement : Comment s’articule l’offre au sein de vos 3 boutiques ?

Julien Sançon : Les 3 boutiques Blou sont différentes mais l’idée était de conserver une ligne graphique cohérente. Ainsi, j’attache beaucoup d’importance à créer un univers esthétique travaillé autant à l’extérieur – chacune détient une devanture noire avec des matériaux innovants comme le zinc noir ou le bois brûlé – qu’à l’intérieur. Chacune possède un univers chaleureux qui lui est propre. L’idée n’était pas d’empiler des produits de marque dans un lieu mais que les gens s’attachent à une atmosphère particulière. Chaque boutique accueille ainsi quelques marques partenaires. Dans la première – qui a déménagé en octobre dans un plus grand espace de 150 m²  – l’ambition est de développer l’offre déco au sens large, à savoir mobilier, objets de décoration et luminaires. Nous sommes restés fidèles à nos partenaires des débuts comme Ferm Living, String ou Muuto. La deuxième adresse, inaugurée en 2013, met à l’honneur trois ou quatre marques comme Treku, Alki et Atelier Areti. Cette boutique, plus petite, a permis d’étoffer notre offre de luminaires. La troisième boutique, ouverte il y a un an et demi, présente encore une ambiance différente ; l’offre est essentiellement celle de la marque danoise Hay qui propose du mobilier, mais aussi de nombreux accessoires et du textile. En tout cas, ce qui réunit ces trois boutiques c’est une approche globale « lifestyle » créative.

 

Culture Agencement : Proposez-vous des services spécifiques ? Travaillez-vous avec des professionnels ?
Julien Sançon : Pour les particuliers, nous endossons de plus en plus un rôle d’accompagnateurs. Sur des projets plus conséquents, nous pouvons proposer des plans en 3D pour répondre à des solutions d’aménagements clés en main dans certaines pièces comme le salon. Nous gérons aussi la livraison et l’installation. Travailler essentiellement avec une clientèle locale  nous permet de maîtriser l’aspect logistique. Nous travaillons aussi avec les professionnels, notamment des architectes qui nous sollicitent soit pour répondre à une demande précise soit pour proposer une sélection en fonction d’un besoin. Depuis 6 mois, nous développons vraiment le BtoB grâce à une personne dédiée au sein de l’équipe.

 

Culture Agencement : En tant qu’indépendant, que pensez-vous de l’évolution du marché de la décoration et du mobilier, en termes de produits et de distribution ?

Julien Sançon : L’évolution la plus flagrante concerne les professionnels. Aujourd’hui, même pour un aménagement dans une grande entreprise, le client cherche à créer un univers semblable à ce que l’on trouve chez le particulier. Les codes de l’entreprise ont changé : celle-ci reprend à son compte ceux de l’habitat. En 7 ans, j’ai constaté un réel essor de cette tendance cosy et chaleureuse dans l’univers professionnel. Le mobilier de bureau n’est plus purement fonctionnel. On ne veut plus d’un style aseptisé. Concernant la distribution, la tendance qui s’est dégagée ces dernières années concerne le digital. Forcément, cela n’a pas simplifié la tâche aux distributeurs classiques. Le consommateur est devenu plus exigeant sur les délais, sur les services et sur les stocks. Personnellement, j’ai aussi fondé ma stratégie sur le fait d’avoir de nombreuses références en stock car il faut séduire le consommateur beaucoup plus rapidement qu’avant. Le client qui arrive en magasin pour découvrir un produit ira l’acheter sur Internet si vous ne pouvez pas le lui fournir dans la foulée. En rentrant, il lui suffira d’un clic pour avoir l’impression que ledit produit est déjà chez lui… Cette manière de consommer a bouleversé le secteur. Pour rester compétitif il faut donc aussi savoir miser sur le digital. De notre côté, nous allons changer prochainement notre site web, pour rafraîchir l’image, améliorer l’ergonomie, bref, faire en sorte que le client trouve rapidement le produit qui lui convient. Clairement, j’ai constaté que le chiffre d’affaires en boutique était directement corrélé à la présence et à l’efficience d’un site Internet. »

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier

 

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