Révolution rock et mutation pop de l’habitat

Actualités - 25 mai 2021

Les intérieurs des foyers français ont connu des changements radicaux dans les années 1950, décennie de naissance du rock’n’roll, puis durant les années 1960 qui ont aussi marqué l’avènement de la pop culture… et music. Tout est toujours de cause et d’essence sociologique. Rappel des faits au travers de l'exposition Déjà-Vu, le design dans notre quotidien, qui se tient au musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.  

Les années 1950 marquent le début de la construction des grands ensembles. Des immeubles imposants, promesses de modernité et de salubrité, gagnent les quartiers périphériques de Saint-Étienne et Firminy (…) Artistes, architectes et designers sont pleinement investis dans l’effort de reconstruction et dans la conception du mobilier pour les nouveaux logements. Les membres de l’Union des artistes modernes (U.A.M.) sont particulièrement productifs. Fondé en 1929 par Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Robert Mallet-Stevens, Charlotte Perriand et Jean Prouvé, ce mouvement cherche à créer des « formes pures parce que rationnelles, pratiques parce que d’un entretien facile ». Il défend l’idée d’un mobilier produit en série, d’un art « accessible à tous et non une imitation faite pour la vanité de quelques-uns » (U.A.M., Pour l’art moderne, Paris, Cadre de la vie contemporaine, 1934).  

L’U.A.M. connaît après la Seconde Guerre mondiale un souffle nouveau. Ses membres dessinent et fabriquent des aménagements intérieurs, accessibles pour les habitants des grands ensembles. En 1949, leurs meubles adaptables et modulables, prêts à être fabriqués en série, sont présentés pour la première fois au Salon des Arts Ménagers.

Jean Prouvé et son atelier, installé en périphérie de Nancy, poursuivent la conception et la fabrication de mobilier en tôle pliée. Peu coûteux et très résistant, ce matériau lui permet de concevoir des pièces devenues aujourd’hui iconiques. Architecte, il construit également plusieurs maisons démontables comme la Maison des Jours Meilleurs qu’il imagine en 1954 après l’appel de l’abbé Pierre pour les sans-abris. Faute d’agrément, cette maison, produite en quatre exemplaires, reste à l’état de prototype et d’utopie.

Contre le conformisme, un design pop

Les années 1960 sont une explosion de formes, de couleurs et de matières inédites. Le développement de la concurrence étrangère, particulièrement italienne et américaine, dynamise les designers tandis que l’émergence de nouveaux matériaux favorise la création. Le plastique séduit de plus en plus, tant par sa malléabilité que par son bas coût à la fabrication. Les lignes fluides et les couleurs vives répondent à l’esthétique pop qui se développe à cette période.

Pour le consommateur, se meubler devient alors presque aussi banal que s’habiller. La grande distribution et la vente par correspondance participent à l’essor du design moderne dans une grande partie des foyers français. La chaîne de magasins Prisunic propose des éditions de meubles design à des prix abordables. Ses catalogues de vente par correspondance, pleins de promesses, offrent des meubles au graphisme minimaliste et coloré. Beaucoup de jeunes designers comme Marc Held participent aux collections de cette chaîne de magasins, disparue en 2003.

L'esthétique industrielle sophistiquée

À la fin des années 1960, même les producteurs de meubles les plus classiques modernisent leur gamme en faisant appel à des designers novateurs comme ceux de la Compagnie d’Esthétique Industrielle. Fondée en 1951 par le designer industriel franco-américain Raymond Loewy, la Compagnie crée des meubles modulables aux lignes géométriques et épurées, sinon minimalistes, à l’image du Bahut DF 2000 aux rangements ingénieux, rappelant dans ses lignes les casiers d’usines d’ouvriers. La demande précède l’offre et ouvre de nouvelles opportunités de marché. L’appel, sinon le désir de la modernité va  jusqu’aux portes de l’Élysée…  

J.B

Visuel en haut à droite : montage Archi-Cultures

 

 

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