Créer du mobilier à vocation émotionnelle dans l’entreprise
En septembre s’est tenue à Maison & Objet une conférence sur le thème « Plus de frontières entre la maison, le bureau et les tiers-lieux : la Work revolution ! ». Y est notamment intervenue Karine Pellet-Ryan, responsable France et Suisse romande de Cappellini. Nous l’avons sondée sur le rôle que souhaite y tenir la marque réputée du mobilier design italien.
Agencement : Qu’est-ce que la work révolution et en quoi doit-elle modifier l’agencement des espaces de travail ?
Karine Pellet-Ryan : « Nous assistons aujourd’hui à une évolution majeure des manières de travailler, générée notamment par les nouveaux outils de communication et d’information (smartphones, tablettes, réseaux de conférence sur Internet) qui favorise largement la mobilité des salariés. De fait peuvent-ils aujourd’hui travailler en dehors de leurs bureaux, que ce so
it dans des espaces de coworking, dans les transports en commun, à l’hôtel ou chez eux. Outre une mutation des procédés de management que cela induit, avec la mise en place d’une horizontalité des processus de décision dans certaines entreprises, cette évolution se traduit dans les environnements de travail que sont les bureaux. Ces derniers, dans leur agencement mais aussi dans leur mobilier, s’inspirent des espaces de vie domestique pour créer une atmosphère plus détendue et conviviale, propice à un mieux-être professionnel, lui-même moteur de créativité et d’efficacité. Concrètement, cela conduit à aménager les espaces de travail en créant des flux de circulation plus dynamiques et fluides. Le mobilier doit quant à lui être repensé pour être davantage accessible, mais aussi plus qualitatif, en termes d’ergonomie et de design. Non seulement cela permet d’améliorer le confort et la productivité des salariés, mais cela profite également à l’image de l’entreprise dans son ensemble, telle qu’elle est perçue par ceux qui la composent et par ceux (clients, fournisseurs, partenaires) qui la visitent. C’est pourquoi il est aussi essentiel de bien soigner les espaces d’accueil qui sont les vitrines des sociétés. Pour répondre à ces nouveaux besoins, choisir un mobilier pérenne et différenciant est une solution efficace. Elle est de plus en plus suivie, alors qu’auparavant les dépenses pour le mobilier des espaces de bureau étaient souvent réduites à la portion congrue, ou du moins arrivaient en queue du budget consacré au chantier global de construction ou rénovation de ces espaces.
Culture Agencement : Quel rôle peut jouer un fabricant éditeur de mobilier haut de gamme, traditionnellement dédié aux espaces de vie domestique, tel que Cappellini ?
Karine Pellet-Ryan : Cappellini suit de près cette évolution générale, la part de son chiffre d’affaires issue de l’activité contract (hôtellerie, tertiaire) étant devenue majoritaire, alors que celle dédiée aux espaces résidentiels était de 70 % il y a quelques années. Cette évolution a été motivée par l’intégration il y a cinq ans du Lifestyle Design Group, composé de Poltrona Frau, Cassina et Cappellini, par Haworth, l’un des leaders mondiaux du mobilier de bureau, et qui a alors déployé une stratégie à 360°. Cela a induit la mise en œuvre de nouveaux processus de production. Là où nous devions, par exemple, concevoir et livrer un à quatre sièges Lotus dessinés par le designer Jasper Morrison, nous sommes désormais amenés à le faire pour une vingtaine ou cinquantaine de pièces afin de répondre à la commande d’une entreprise ou d’un hôtel. De même, nous devons parfois désormais appliquer des normes particulières dans le domaine de la sécurité (mousse ignifuge par exemple) ou de l’écologie. La priorité de Cappellini est toutefois d’apporter des sièges et pièces de mobilier à vocation émotionnelle dans l’entreprise, au travers de formes, couleurs et matières (dont tissus) qui invitent les salariés à se sentir dans un endroit cosy et agréable. »
Propos recueillis par Jérome Alberola
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