De quoi en faire tout un cinéma !

Actualités - 22 sept. 2017

De quoi en faire tout un cinéma !  

Ou du moins rejouer les scènes marquantes de films connus, chez soi, dans son bureau ou dans son magasin : c’est ce que pourront faire les acquéreurs de mobiliers, ensembles de cuisine ou pièces de décoration ayant servi aux tournages et mis aux enchères la semaine prochaine.

 

Cette vente aux enchères se tiendra du 27 au 29 septembre prochains dans les locaux de Locatema, situés 45 avenue Victor Hugo Bâtiment 215B à Aubervilliers. Afin de mettre l’eau à la pellicule des souvenirs émus des cinéphiles, les lieux ouvrent exceptionnellement leurs portes depuis hier et jusqu’à demain samedi 23 septembre en salle d’exposition. L’occasion est ainsi donnée de se plonger dans les décors de la mémoire du cinéma français.

 

Flashback : créée par deux sœurs passionnées, Mesdames Volper et Weinberg, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la société Locatema, initialement baptisée Etoffilm, débute son activité en louant tissus et tapis aux productions cinématographiques. A cette époque, la grande majorité des films étaient tournés en studios et en noir et blanc, et la qualité des fonds et des matériaux employés pour les décors étaient essentiels. Répondant aux critères d’exigences des réalisateurs et des chefs opérateurs, les deux sœurs se forgent rapidement une solide réputation dans le milieu du cinéma français. Marcel Carné fera notamment appel à elles pour l’ensemble des fonds et tissus de son chef d’œuvre Les Enfants du Paradis (1945). Après des années de guerre, de troubles et de privation, l’heure est à présent à la distraction, et le cinéma va largement contribuer aux divertissements français. L’industrie cinématographique se développe ainsi progressivement. Le Centre National de la Cinématographie (CNC) est créé pour soutenir la production hexagonale, le Festival de Cannes est relancé et les tournages en studios reprennent de plus belle. On soigne alors décors et costumes, pour des reconstitutions aussi vraies que nature.

 

Dans cette effervescence, Etoffilm devient incontournable dans le paysage cinématographique. Son catalogue s’enrichit et propose toutes sortes d’accessoires. De demandes de réalisateurs, en lubies de chefs décorateurs, la société s’ouvre à de plus gros objets de mobilier dès 1955. En 1968, le duo féminin renomme le nom de son entreprise en Locatema qui s’installe Zone de Texte: © Edouard de’ Pazziau cœur de Paris, rue du Faubourg Saint-Antoine, à Saint Denis en 2004. Zone de Texte: © Edouard de’ PazziMalheureusement, dix ans plus tard, le vaste entrepôt de 3 000 m2, dont elle était locataire, fait l’objet d’un réaménagement urbain et Locatema se voit contrainte de quitter les lieux préemptés par la Ville, de réduire sa surface d’exposition et d’organiser deux ventes aux enchères en 2014 et 2015, afin de délester le stock de moitié avant d’emménager dans l’actuel entrepôt de 1 500 m2 à Aubervilliers. Expulsée une fois de plus de ses actuels locaux pour cause de démolition, Locatema a pris la décision de ne pas poursuivre son activité. Avec sa disparition se tourne une page de l’histoire du grand écran, celle d’une époque révolue où le cinéma français soignait ses costumes et ses décors. Depuis, les effets spéciaux de l’informatique se sont imposés devant les caméras et sur le fond vert uni des plateaux…     

 

Les nostalgiques des vrais décors pourront heureusement conserver le souvenir de scènes passées à la postérité de la mémoire collective sous les éclatants sunlights, ou ayant imprimé les émotions secrètes sur la pellicule de leur vie dans l’intimité des salles obscures.

Durant trois jours défileront donc sous le marteau d’Alexandre Millon des milliers d’objets qui ont fait l’âme du cinéma français. Verrerie, luminaires, transistors, services en cristal ou en bakélite, tissus, malles, canapés, secrétaires, salon en rotin, téléphones d’un autre siècle... des objets et du mobilier aussi divers qu’insolites, qui offrent un formidable voyage à travers les styles et les époques. Derrière chaque objet se cachent une histoire, une anecdote et l’ombre d’une star. Ainsi les cinéphiles pourront préparer d’inoubliables repas dans la cuisine en formica jaune ayant servi de décors à Léon de Luc Besson, d’autres pourront se lover dans le lit d’Alexandre Le Bienheureux d’Yves Robert, frimer dans les fauteuils de La Vérité si Je mens de Thomas Gilou (visuel ci-dessous), déguster des earl greys dans le salon de jardin d‘Yves Saint-Laurent (visuel en haut d’article), prendre leur diner sur la table du Cave se Rebiffe, ou encore reconstituer la chambre du film d’Adieu Poulet. Etc., etc. Une occasion unique pour tous les amoureux du 7ème art d’acquérir une part de rêve ou de rejouer à l’envi la scène de son film préféré.

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