La mémoire de l'éphémère

Actualités - 03 mars 2020

Culture Agencement : Comment définiriez-vous l’identité et la vocation des hôtels du groupe Accor dont vous avez la charge ?

Pascal Guémené : « De manière générale, une marque d’hôtel doit bien se positionner et se démarquer, non seulement des autres marques du même groupe, mais aussi de ses concurrentes sur leurs segments de marché respectifs. Elle doit répondre aux attentes des clients résidant dans ses établissements, que ce soit en famille, pour les affaires, le loisir ou d’autres motifs, comme aux attentes de ses investisseurs. Cette nécessité s’applique aux diverses marques des segments économiques aux midscale dont j’ai la charge et qui regroupent hôtelf1, Ibis Budget, Greet, Ibis, Ibis Style, Novotel, Novotel Suite et Mercure. 

Culture Agencement : Novotel est sans doute la marque du groupe Accor la plus connue. En quoi l’architecture d’intérieur, l’agencement et la décoration participent-ils à l’identité de ses établissements ? 

Pascal Guéméné : Novotel est une marque internationale, présente sur tous les continents et qui jouit d’une très forte notoriété. Elle va connaître prochainement une grande évolution par la déclinaison fin 2020 de 4 concepts différents de design intérieur, mais qui resteront dans le territoire et dans les marqueurs de la marque Novotel, aussi bien pour l’hébergement que pour les services généraux. En la dotant d’une nouvelle flexibilité, ils contribueront encore davantage à nos clients de vivre des expériences mémorables. Ces 4 concepts permettront ainsi à Novotel de se distinguer plus fortement et d’être en avance dans un marché de l’hôtellerie de plus en plus concurrentiel et qui s’oriente vers du lifestyle premium, mais dans lequel il y aura toujours de la standardisation.   

Culture Agencement : Comment l’architecture d’intérieur, l’agencement et la décoration (y compris le mobilier et l’électroménager) peuvent-ils améliorer le bien-être des résidents des 546 Novotel dans le monde, dont 331 en Europe ? 

Pascal Guémené : Le design doit donner de la mémoire à l’éphémère. Nos clients ne sont que de passage et il faut leur susciter l’envie de revenir séjourner dans nos établissements, dans les mêmes conditions mais aussi pour d’autres motifs. Ceux qui viennent en famille ou en loisir doivent souhaiter revenir pour les affaires, seuls ou dans le cadre de séminaires, ou inversement. Pour atteindre ce résultat, l’agencement, le mobilier et les divers équipements doivent être conçus pour être les plus agréables possible visuellement et le plus efficaces en termes fonctionnels, tout en étant compatibles avec une utilisation hôtelière et donc conformes aux normes spécifiques (anti-feu, durabilité, etc.)     

Culture Agencement : Faut-il selon vous conserver longtemps la décoration et l’architecture d’intérieur personnalisés d’un hôtel, afin de les rendre intemporels, ou, au contraire, les changer régulièrement, afin de coller aux tendances du moment ?

Pascal Guémené : Les structures extérieures des hôtels peuvent-être intemporelles, ce qui n’est pas le cas pour le design et l’agencement intérieurs. Comme je l’ai dit, la concurrence des hôtels indépendants ou des groupes internationaux a changé la donne dans de nombreux domaines fondamentaux. Ainsi, le cycle de renouvellement de ce qui fait l’atmosphère et la signature d’un hôtel, soit l’architecture d’intérieur et la décoration, n’est plus aujourd’hui de 12 ou 15 ans, mais a été réduit de moitié.

Culture Agencement : De manière générale, que pensez-vous de l’évolution de l’agencement des hôtels et notamment de l’influence réciproque avec l’habitat domestique ? L’essor d’Airbnb a-t-il joué un rôle accélérateur de cette tendance ?  

Pascal Guémené : Oui incontestablement, en raison du nombre très élevé de chambres et de logements de particuliers proposés par cette plateforme dans de nombreuses villes à travers le monde. Cela dit, on ne peut pas comparer pleinement cette offre aux prestations variées et complètes des hôtels, qui incluent aussi des restaurants, salles de sport, spas, services à la personne, etc. De fait, l’influence réciproque avec l’habitat domestique s’explique surtout par la volonté de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, qui souhaitent vivre des expériences inédites et empreintes d’émotions lorsqu’ils séjournent dans les hôtels. Ces derniers doivent être des lieux de vie et de rencontres, en retrouvant un peu l’esprit et la vocation des auberges d’antan, avec la meilleure qualité de prestations actuelles. Nous sommes en train de devenir des “hébergistes”, si je peux employer ce néologisme. Il convient ainsi d’inciter les non-résidents des hôtels à y venir pour prendre un verre, déjeuner ou dîner (en famille, entre amis ou pour affaires), ou pour travailler dans les espaces de lobby, ou social hubs prévus à cet effet. »     

Propos recueillis par Jérôme Alberola

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