Ou les transgresse-t-il ? C’est la question qu’a posée l’exposition Les aliénés du Mobilier National organisée du 10 au 21 juin 2022 par l’institution dans sa galerie des Gobelins. 34 créateurs contemporains ont eu « carte blanche » pour réinterpréter, selon leur sensibilité, ce mobilier ancien afin qu’il puisse réintégrer les collections du Mobilier national. Nous en avons sélectionné huit, toutes audacieuses. Et si le recyclage se faisait aussi poétique ?
Depuis le XVIIe siècle, le Mobilier national est un haut lieu de patrimoine et de création contemporaine. Pour répondre à ses missions, l’institution s’est toujours délestée, après avis d’un comité scientifique, de meubles stockés, inutilisés depuis longtemps et qui ont perdu leur caractère patrimonial. Ces pièces, jusqu’alors inaliénables, deviennent ainsi aliénées. Elles peuvent alors être détruites, vendues ou même réutilisées pour récupérer les matériaux dont ils sont composés. Un destin que la célèbre institution située dans le 13ème arrondissement de Paris a décidé d’améliorer.
Dans le cadre d’une démarche innovante et écologique, celle-ci a ainsi choisi de confier certaines de ces pièces à des artistes plasticiens. Trente-quatre créateurs contemporains ont ainsi eu carte blanche pour réinterpréter, selon leur sensibilité, ce mobilier ancien et de peu de valeur patrimoniale afin qu’il puisse réintégrer les collections du Mobilier national. Derrière le titre équivoque Les Aliénés se dissimule un programme de valorisation des collections de l’ancien Garde meuble royal, en prise avec les réflexions sociétales et environnementales de notre époque.
Avec cette collection inédite des Aliénés, le Mobilier national suggérait une alternative visant à apporter des réponses artistiques au devenir de cette frange modeste du patrimoine mobilier français du XIXe et du XXe siècle. L’institution a souhaité attiré également l’attention sur le manque de considération pour les matériaux anciens de ces meubles à forte valeur éco responsable, en évitant par la
même occasion de créer un nouvel objet et ainsi économiser l’énergie et les matières premières inhérentes à tout processus de fabrication. L’exposition visait enfin à faire redécouvrir la part de modernité des lignes de ce mobilier et à rouvrir aux plasticiens les champs du « décoratif », de la pièce unique et de l’œuvre d’art usuelle.
J.B
Visuel en haut à droite : ZENON This Is the Wind Entrebaille ©Sophie Zénon
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