« Les métiers de l'agencement ont changé ! »

Actualités - 16 sept. 2016

« Les métiers de l’agencement ont changé ! »

C’est l’analyse étayée de Jean-Marie Chevalier, gérant des Ateliers Saint-André (ASA Agencement) pour qui adaptabilité, sens de l’anticipation et professionnalisme sont devenus des valeurs cardinales.

 

 

Culture Agencement : Pouvez-vous nous parler de l’entreprise Ateliers Saint-André ?

Jean-Marie Chevalier : « Si l’entreprise est demeurée familiale, elle compte aujourd’hui 35 collaborateurs qui pilotent des chantiers partout en France, en mobilisant un réseau de partenaires qualifiés. En termes d’activités, nous sommes spécialisés dans l’agencement de magasins tous corps d’état, la fabrication et pose de mobilier d’agencement, menuiserie bois, mobilier en matériaux de synthèse, les façades menuisées, l’ossature et bardage.  Nous avons su évoluer vers des matériaux innovants (nous sommes partenaire labellisé sur le produit Corian ®) tout en conservant des réalisations en bois massif. Les commerces représentent une part importante de notre clientèle, mais aussi les hôtels et restaurants, le monde du vin, les bureaux et collectivités. Nous sommes, par exemple, intervenus sur le mobilier de la Cité du vin qui a récemment ouvert ses portes à Bordeaux. Il peut aussi nous arriver de travailler pour des particuliers, en associant plusieurs corps d’état dans le cadre d’un projet déjà déterminé, comme des surélévations en bois. En revanche, nous ne faisons pas de conception architecturale ni de design, c’est une étape qui doit avoir été faite au préalable par nos clients. En clair, nous sommes des techniciens, non des concepteurs, donc des partenaires privilégiés pour les designers et les architectes que nous accompagnons sur des mises au point techniques, des plans d’exécution, des plans de réalisation. En 2015, sur un volume d’activité de 9 millions d’euros, près de 3 millions d’euros ont été réalisés par notre activité de production et 6 millions par celle de contractant général.  

 

Culture Agencement : Entre l’agencement de magasins et la fabrication (menuiserie), cœur de métier de l’entreprise, l’une de ces activités prédomine-t-elle ou a-t-elle été particulièrement développée ces dernières années pour des raisons de potentiel, ou à l’inverse, parce que l’autre était devenue trop concurrentielle ?

Jean-Marie Chevalier : Il n’y a pas une volonté de l’entreprise d’accentuer l’une ou l’autre de ces deux activités. Nous considérons simplement que nous sommes agenceurs, que nous avons des clients et que nous répondons à leurs demandes. Pour notre activité de contractant général, notre clientèle est en partie constituée de chaînes de magasins nationales ayant pour objectif de développer des succursales, telles que H&M, Mango, Kusmi Tea, IDGROUP. Ce sont des clients à gros développement, qui délèguent souvent la partie fabrication de mobilier à des industriels du meuble. Or, nous n’irons jamais sur ce marché. Nous ne sommes pas des industriels. En revanche, nous sommes en mesure de les accompagner sur leur développement s’ils décident d’ouvrir 15 nouveaux magasins par an. Nous recevons un projet complet et notre rôle est de le chiffrer et de le mettre en œuvre dans son intégralité. Pour ce faire, nous travaillons avec notre réseau de sous-traitants, nous avons en interne quatre conducteurs de travaux dédiés et nous gérons des chantiers sur toute la France. Concernant notre activité de fabricant, nous évoluons sur un marché de niches : nous intéressons des clients qui ont un projet architectural précis, et  font appel pour cela à un concepteur ou un designer. Nous intervenons alors comme entreprise capable de réaliser le projet. Aujourd’hui, notre priorité est de nous faire connaître sur ce registre, de développer notre notoriété comme entreprise capable de réaliser techniquement des projets atypiques, quels que soient leur complexité technique et les matériaux utilisés.

 

Culture Agencement : En quoi le métier d’agenceur a-t-il évolué le plus au cours de ces 5 ou 10 dernières années ?

Jean-Marie Chevalier : Les grandes enseignes ont tendance à externaliser certains travaux qu’elles géraient auparavant en interne, et sont de plus en plus demandeuses de réactivité.  Elles ont besoin d’entreprises comme la nôtre, capables de se remettre en cause, de bannir l’improvisation dans le domaine technique, de s’adapter à des pics d’activité, d’être dans l’anticipation.

Pour notre activité de production, tout va vite, les décisions se prennent parfois à la dernière minute, comprimant le délai de réalisation. Nous faisons donc en sorte d’avoir une adaptabilité forte. Cela passe par un accompagnement des maîtres d’œuvres au niveau technique, afin de trouver et anticiper toutes les solutions avant le début des travaux, par la compétence et la formation du personnel et par la qualité de l’outil de production.

Plus largement, nous constatons une distinction croissante entre des clients qui souhaitent avant tout un prix, quitte à avoir une originalité limitée, et ceux qui ont un projet architectural précis, accordant de l’importance à l’image véhiculée par leurs agencements, tout en respectant des contraintes budgétaires. Etre performant ne fait pas appel aux mêmes atouts dans un cas ou dans l’autre. La réponse sera essentiellement industrielle dans le premier cas, fera plus appel à la souplesse et à l’humain dans le second. Ateliers Saint-André a choisi son camp : nous sommes et resterons une PME avec de  la technicité, ou la compétence humaine est déterminante, ou le sens du service rendu est premier. »

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier (visuel : Stade toulousain) 

 

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