Les trônes de (savoir) fer

Actualités - 24 sept. 2019

 

Les trônes de (savoir) fer

Jusqu’au 30 septembre à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris, une exposition montre des sièges remarquables conçus, non par des designers, mais par des architectes renommés, démontrant que mobilier et bâtiments peuvent (doivent ?) suivent les mêmes logiques.

 

Depuis plus de deux siècles, les architectes dessinent des meubles et des luminaires qui viennent parachever leurs constructions. Beaucoup de mouvements et d'écoles d'art ont concouru au rapprochement entre architecture et arts décoratifs. Le Bauhaus, dont on fête le 100ème anniversaire cette année, en incarne, sans doute, l'approche la plus fusionnelle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la quasi-totalité des architectes français, mobilisés par l'urgence de la reconstruction, délaissent cette dimension. A contrario, leurs confrères italiens - alors quasiment privés de chantiers – prennent en main les destinées de l'industrie de l'ameublement pour devenir les pères fondateurs du design transalpin. Dans les pays scandinaves, leurs homologues poursuivent également cette pratique globale de leur métier. C'est aussi le cas aux États-Unis, grâce à la reconversion domestique de l'industrie de guerre prônée par la politique du New Deal.

 


 

Redevenue plurielle, l'architecture d'aujourd'hui aspire à s'emparer à nouveau de ces objets. Percevant le mobilier et le luminaire comme de petites architectures, nombre d'architectes militent pour que leur mission englobe le mobilier qui viendra logiquement compléter, valoriser et distinguer le cadre de vie qu'ils produisent. Bien au-delà de leurs qualités esthétiques ou ergonomiques, leurs créations ont marqué les esprits et les mémoires.

 

 

À l'heure où la majorité des objets édités par les industriels et distribués dans le commerce émane de designers professionnels, qu’apportent les architectes à ce secteur ? En quoi leurs créations se différencient-elles du reste de la production ? La question n'est pas de savoir si le mobilier d'architecte serait “supérieur” à celui des designers, mais de comprendre ce qui en fait sa spécificité, son originalité et sa richesse. Avec près de 250 pièces uniques en éditions limitées ou de grandes séries (dont 107 sièges), 120 architectes et 80 éditeurs représentés et comptant parmi les plus fameux de ces dernières décennies, l’exposition organisée jusqu’au 30 septembre à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, au Trocadéro, invite ainsi à découvrir la richesse et la diversité de cette production. Et à prendre la mesure de la vertu de la transversalité par laquelle l’homme de l’art qu’est l’architecte, n’est pas seulement bâtisseur de villes entières, de bâtiments et monuments prestigieux, de grands ouvrages techniques, de gratte-ciels, mais aussi créateur de meubles, sièges, luminaires et autres objets de notre quotidien.

 

J.B


Légendes / crédits :

Triptyque du haut, de gauche à droite :

Odile Decq, chauffeuse Unesco, 2000 © Georges Fessy © Adagp / Gaetano Pesce, chaise Dalila, 1980 © Courtesy of Gaetano Pesce’s office / Eero Saarinen, fauteuil Tulip n150, 1956-1957, Knoll © Knoll International © Museum Associates LACMA Dist. RMN-GP

 

Triptyque du milieu, de gauche à droite :

Verner Panton, Chaise Panton, 1999, Vitra, Polypropylène teinté mandarine © Vitra / David Adjaye, chaises Washington Skeleton et Washington Skin, 2013, Knoll © Knoll International / Sylvain Dubuisson, fauteuil pour le ministère de la Culture, 1990. Avec l’aimable autorisation du Mobilier national © Collection du Mobilier national-photo Isabelle Bideau.

 

Triptyque du bas, de gauche à droite :

Frank Gehry, fauteuil Power Play, 1992, Knoll © Knoll International © Frank O. Gehry-Cnap Crédit photo. Bruno Scotti / Jean Nouvel, chauffeuse Milana, 1995, Sawaya & Moroni © Sawaya & Moroni, Milan, Italy © Adagp / Ron Arad, chaise Schizzo 1 et 2, 1989, Vitra © Vitra

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