Le design est pour tous / Le design, c’est le pied !

Actualités - 26 avril 2022

Avec l’exposition Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française, le Musée des Arts Décoratifs à Paris ravive les mémoires collectives et personnelles avec plus de 500 objets et mobiliers du quotidien, qui sont autant d’œuvres de pop art à la française, révélatrices d’une époque décomplexée et conquérante des cœurs et des foyers. Le design a aussi bon pied que bon œil, comme le démontre l’étonnante exposition sur la révolution Sneakers au Musée de l’Homme.

L’exposition au Musée des Arts Décoratifs revient sur les plus grands succès des collaborations initiées dans les années 1960 par Prisunic et poursuivies par Monoprix, avec des designers de renom comme Terence Conran, Marc Held, India Mahdavi, Constance Guisset ou Ionna Vautrin, mais aussi des graphistes, photographes et illustrateurs parmi les plus créatifs de leur époque, tels Roman Cieslewicz, Friedemann Hauss et des stylistes, tel Alexis Mabille. La scénographie a été confiée à l’architecte et designer India Mahdavi, qui a elle-même collaboré à deux reprises avec Monoprix.

Née en 1931, la chaîne de magasins Prisunic introduit en France, dès 1946, le marketing selon le modèle américain grâce à son nouveau directeur Jacques Gueden, et elle a su démocratiser, dès la fin des années 1950, le mobilier et l’habillement contemporains de qualité. « Le beau au prix du laid » devient le slogan officiel, créé par Denise Fayolle, directrice du bureau de style de 1957 à 1967 - à ce sujet (re)lire aussi notre article de novembre 2018 "Le beau au prix du laid".

L’enseigne impulse les premières collaborations avec des créateurs. S’y côtoient les grands noms du design et du graphisme parmi lesquels Terence Conran, qui participe au premier catalogue de vente en 1968 présentant mobilier, luminaire et vaisselle que l’enseigne, pionnière par sa formule de vente par correspondance, met habilement en scène. En 1997, Prisunic fusionne avec Monoprix, animé par une volonté égale de rendre le design accessible à tous : l’enseigne, qui réaffirme « le plaisir de vivre à la française », occupe dès lors une place de choix dans le quotidien des consommateurs.

L’exposition, thématique et chronologique, est conçue en deux parties : la première, consacrée à Prisunic, s’illustre par des collaborations majeures initiées avec des graphistes et designers que les catalogues de vente par correspondance diffusent entre 1968 et 1976. Le second volet met en lumière les réalisations phares de créateurs invités par Monoprix en reprenant un thème cher à l’enseigne – l’objet du quotidien – à travers l’art de la table, l’assise et l’habillement. Présenté dans les collections modernes et contemporaines, le parcours propose un dispositif original de « ready-made » (mobilier et présentoirs de magasin utilisés comme systèmes de présentation) qui évoque l’univers de la grande distribution, servi par une scénographie colorée et lumineuse.

Ce voyage en nostalgie de la créativité insouciante est proposé au Musée des Arts Décoratifs jusqu’au 15 mai au 107, rue de Rivoli 75001 Paris (métro :  Palais Royal Musée du Louvre)       

Le design, c’est le pied ! (et la sociologie aussi, parfois)

Sneakers, baskets, tennis... Quel que soit leur nom, le temps où on ne les voyait qu’en baissant les yeux est révolu. Car ces chaussures, foulant jadis exclusivement les terrains de sport, ont aussi intégré ceux de la mode et des modes de vie pour les changer, opérant une révolution dans la société en même temps qu’elles faisaient celle de leur conception. Ces mouvements de fond sous et autour de nos pieds continuent de se produire. De fait, portées par des millions de personnes à travers le monde, les sneakers sont devenues, en quelques décennies, un objet de consommation de masse qui transcende le genre, l’âge et les milieux socio-culturels.

Le Musée de l’Homme met en lumière ce phénomène de société, avec des objets de collection, des affiches, des documents d’archives, des dispositifs audiovisuels, des performances retransmises et, bien sûr, 70 paires dont des modèles emblématiques retraçant toute l’histoire de la sneaker. Le visiteur plonge ainsi dans les souvenirs de glorieux sportifs, de Michael Jordan à John McEnroe, Stan Smith (avec l’une de ses fameuses tennis signée) en passant par Serena Williams (ci-dessous), et il découvre ébahi les surprenantes possibilités formelles permises par les matériaux modernes.

On y apprend aussi que la mise au point d’une semelle en caoutchouc discrète et silencieuse leur a donné leur nom sneakers, de « to sneak » (se faufiler). La maîtrise de cette matière végétale, dont les propriétés étaient déjà appréciées par les Mayas ou les Aztèques, a permis son industrialisation. Longtemps réservées aux activités sportives, elles se sont ensuite retrouvées bientôt aux pieds du mouvement hip-hop (avec les rappeurs de Run-DMC et de Public Enemy), et se lacées avec l’émergence des contre-cultures aux États-Unis avant de se diffuser en Europe avec la télévision, le cinéma, la musique ou encore les jeux vidéo. Cette chaussure démocratique est alors devenue le symbole d’une affirmation sociale et culturelle, avant d’imposer ses formes souples, ses couleurs bigarrées et son confort sous les costumes, sous les jupes et sur les trottoirs du monde entier.

A découvrir jusqu’au 25 juillet 2022 au Musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro 75016 Paris (Métro : Trocadéro).         

Jérôme Alberola

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